Bulletin N°57

Séquençage ARN long-read de la microglie humaine : un atlas de régulation du splicing en conditions pathologiques - Nature Genetics – Mars 2025

Jack Humphrey et al.

Les auteurs de cette étude ont généré un atlas génomique des isoformes d’ARNm dans la microglie humaine. Cet atlas, basé sur un séquençage ARN « long-read » a permis d’identifier 35 879 nouvelles isoformes d’ARNm microgliaux. L'expression de ces isoformes nouvelles ou déjà connues a été analysée sur 555 échantillons de microglie humaine provenant de 391 donneurs. Cette analyse a révélé que plusieurs loci associés à la susceptibilité aux maladies neurodégénératives pourrait agir via des modifications complexes de l'utilisation d’isoformes ARNm et des sites d'épissage.

Les anomalies du microbiote intestinal impactent la dynamique des modifications transcriptomiques observées dans les cellules immunes durant la progression des métastases cérébrales - Cell Reports - Mars 2025

Samantha M. Golomb et al.

Le microbiote intestinal est connu pour influencer les réponses immunitaires à la périphérie et au sein du système nerveux central (SNC). Dans cet article, les auteurs ont étudié chez la souris l’impact du microbiote intestinal sur la dynamique des réponses immunes à différentes étapes de la progression des métastases cérébrales (BrMet). La dysbiose intestinale induite par des antibiotiques a significativement augmenté la charge tumorale de BrMet par rapport aux témoins, mais cet effet a été atténué par une transplantation de microbiote fécal. Une analyse par « single-cell RNA-seq » a montré que la dysbiose induite par antibiothérapie provoquait des altérations de dynamique moléculaire au sein des monocytes et de la microglie.

L'activation chémogénétique de la signalisation Gi au sein des cellules microgliales réduit les contacts microglie/neurones et altère la synchronisation neuronale - Science Advances - Février 2025

Shunyi Zhao et al.

Les récepteurs microgliaux de type GPCR couplés à une protéine Gi  jouent un rôle clé dans la communication entre les cellules microgliales et les neurones.

Dans cette étude, nous avons utilisé la technologie DREADD et généré des récepteurs Gi-DREADD pour moduler de manière sélective et inductible la voie de signalisation Gi des microglies. En combinant cette approche chémogénétique à l’imagerie biphotonique in vivo, les auteurs rapportent qu'une activation exogène de la signalisation Gi microgliale inhibe de façon transitoire la mobilité des prolongements microgliaux, réduit l'activité neuronale et altère la synchronisation neuronale. Ces dysfonctionnements neuronaux sont associés à une diminution des interactions entre la microglie et les somas neuronaux.

Effets thérapeutiques d’un Ac anti-CD3 administré par voie nasale dans un modèle murin de traumatisme cérébral - Nature Neuroscience - Février 2025

Saef Izzy et al.

Dans cette étude, les auteurs montrent que l'administration intranasale d'un anticorps monoclonal anti-CD3 atténue les dommages au système nerveux central (SNC) et les déficits comportementaux dans un modèle murin de traumatisme crânien. Le traitement nasal anti-CD3 induit la migration intracérébrale d’une population de lymphocytes T régulateurs (Treg) sécrétant de l'interleukine-10 (IL-10), établissant des contacts étroits avec les cellules microgliales et renforçant l’activité phagocytaire de ces dernières tout en modulant leur production de molécules pro-inflammatoires. Ces effets sont dépendants de l’expression microgliale du récepteur à l’IL10 et peuvent être reproduit par le transfert adoptif de cellules Tregs productrices d'IL-10.

Dans un modèle de sclérose en plaques chez le marmoset, la cartographie 4D des signatures IRM et moléculaires révèle la dynamique de formations des lésions de démyélinisation - Science - Février 2025

Jing-Ping Lin et al.

En utilisant un profilage spatiotemporel de l’ARN guidé par l’imagerie par résonance magnétique (IRM) dans un modèle d’encéphalite auto-immune expérimentale (EAE) chez le marmoset, les auteurs de cette étude ont étudié la dynamique des lésions et modélisé un ensemble de perturbations moléculaires pertinentes dans le contexte de la sclérose en plaques (SEP). Cinq microenvironnements lésionnels distincts ont été identifiés comme étant associés à des réponses neurogliales et des processus de la destruction/réparation tissulaires distincts.

Les stades initiaux de formation des lésions sont caractérisés par une hypercellularité précoce révélée en IRM et des signes moléculaires de sénescence astrocytaire ou épendymaire, respectivement dans les zones périvasculaires et périventriculaires. À mesure que les lésions s’étendent, des barrières gliales concentriques se forment, initialement dominées par la prolifération et la diversification des cellules microgliales et des précurseurs oligodendrocytaires puis par l’afflux de monocytes et de lymphocytes. Les astrocytes exprimant la SERPINE1 sont identifiés comme hub cellulaire et moléculaire dans le déclenchement des lésions, à la fois dans le modèle EAE du marmoset et chez les patients atteints de SEP.

Le nombre de cellules microgliales présentes dans le cortex en développement dépend du niveau d’activité des neurones pyramidaux et régule en retour les fonctions corticales. - Science Advances - Février 2025

Sanjana Kumaraguru et al.

Cette étude révèle une relation dynamique entre les neurones pyramidaux corticaux et la microglie qui module le nombre et le développement des cellules microgliales à travers différentes phases du développement postnatal chez la souris. Les variations de l'activité des cellules pyramidales pendant le développement induisent la libération de molécules dépendantes de l'activité, telles que l'Activine A, qui exerce un effet d’ajustement sur le nombre de cellules microgliales cortical. Le découplage de cette relation modifie non seulement la densité microgliale, mais a également des conséquences à long terme sur les fonctions d'organisateurs synaptiques exercées par la microglie, ce qui affecte les fonctions corticales.

Traitement d’un patient atteint de glioblastome par triple blocage de molécules de checkpoint immunitaire - Nature Medicine - Février 2025

Georgina V. Long et al.

Dans cette étude, les auteurs présentent le cas d’un patient souffrant de glioblastome (GBM) IDH-sauvage et promoteur MGMT non méthylé et donc de très mauvais pronostic. Ce patient récemment diagnostiqué à été traité par une seule dose de triple immunothérapie anti-PD1, anti-CTLA4 et anti-LAG3, suivie d'une résection chirurgicale 12 jours plus tard. L’analyse du tissu tumoral réséqué a montré que l’anti-PD1 s'était lié aux lymphocytes infiltrants tumoraux (TIL) provoquant une infiltration et activation marquées des TIL comparé à une biopsie de patient non traité. Après 17 mois de suivi, aucune récidive n’a été observée. Lorsqu'ils sont utilisés en première ligne, avant résection chirurgicale, les inhibiteurs de molécules de checkpoint peuvent donc induire une réponse immune efficace dans le GBM. Un essai clinique basé sur ces résultats est prévu (essai « GIANT « N° NCT06816927).

Les brèves du Bulletin N°57

 

Article N°1

Ling He et al.

La plasticité cellulaire, notamment microgliale, induite par l’irradiation promeut la différenciation médiée par la forskoline dans les cellules de glioblastome

PNAS - Février 2025

 

Article N°2

Hsiao-Lin V. Wang et al.

Les niveaux de pTDP-43 sont corrélés aux altérations moléculaires spécifiques de type cellulaire dans le cortex préfrontal de patients atteints de SLA/FTD et porteurs de la mutation C9orf72

PNAS – Février 2025

 

Article N°3

Mei Liu et al.

GPNMB et ATP6V1A interagissent pour médier la phagocytose microgliale de plusieurs types de particules pathologiques

Cell Reports - Mars 2025

 

Article N°4

Pedram Peesh et al.

Dans un modèle murin d’AVC, l’équilibre entre deux catégories de ligands au récepteur AHR conditionne l’évolution des lésions : les ligands dérivant des cellules de l’hôte vs les ligands dérivant du microbiote.

Nature Communications - Février 2025