Bulletin N°43

L’analyse protéomique du LCR identifie des changements précoces dans les formes génétiques autosomales dominantes de la maladie d'Alzheimer - Cell – Septembre 2024
Dans cette étude, les auteurs ont analysé les protéines du LCR chez 286 patients atteints de maladie d’Alzheimer (MA) liée à une mutation vs 177 patients atteints d’une forme non génétiquement déterminée. L’application d’un nouveau modèle d’analyse statistique par régression a permis de sélectionner des protéines candidates présentant des prédictions de trajectoires différentes entre ces groupes. Les résultats et modèles prédictifs ont été validés et reproduits sur des cohortes indépendantes grace à une approche d'apprentissage automatique (« machine learning »). Cette étude a ainsi permis d’identifier 137 protéines ayant des trajectoires distinctes entre ces 2 populations de patients atteints de MA. Parmi ces protéines, 8 sont de nouveaux biomarqueurs de la MA. L’ensemble de ces protéines peut être séparée en 3 groupes caractérisant trois stades : stade précoce (réponse au stress, métabolisme du glutamate, dommages mitochondriaux neuronaux), stade intermédiaire (mort neuronale, apoptose), et stade présymptomatique tardif (changements microgliaux, communication cellulaire).

Les lymphocytes B et la signalisation IgG/FcγR sont impliqués dans la physiopathologie des douleurs neuropathiques chez la souris - Science Translational Medicine – Septembre 2024
Les auteurs de cet article démontrent le rôle crucial des lymphocytes B dans la promotion de douleurs neuropathiques dans un modèle murin induit par lésion nerveuse périphérique. La déplétion en lymphocytes B obtenue par injection d'anticorps monoclonal anti-CD20 au moment de la lésion prévient le développement d’une allodynie (= douleur neuropathique). Les souris déficientes en lymphocytes B sont également résistantes à l'allodynie. Les auteurs rapportent que dans ce modèle murin, la lésion nerveuse induisant l’allodynie est associée à une accumulation d'immunoglobuline de type G (IgG) dans les ganglions rachidiens dorsaux (DRG pour « dorsal root ganglion») et dans la moelle épinière dorsale du côté ipsilatéral. Les IgG sont présents dans le cytoplasme des neurones sensoriels et des macrophages au sein des DRG et dans le cytoplasme des cellules microgliales au sein de la moelle épinière. Des observations similaires ont pu être obtenues à partir d’échantillons humains issus de patients souffrant de douleur neuropathique. Par ailleurs, l’analyse RNA-seq sur cellule unique (« single-cell RNA-seq ») révèle la présence d’une population de lymphocytes B dans les DRG de souris et d'humains en situation physiologique. Cette signature transcriptomique lymphocytaire B est enrichie dans les DRG de patients atteints de douleur neuropathique. Enfin, l’allodynie peut être induite chez des souris lésées mais déficientes en lymphocytes B en réalisant un transfert passif d'IgG issue de souris souffrant d’allodynie. L’utilisation de souris KO pour le récepteur à la fraction constante des IgG, le FcγR, montre que les effets pronociceptifs des IgG sont probablement médiés par des complexes immuns interagissant avec FcγRs exprimés par les neurones sensoriels, les cellules microgliales et les macrophages. En faveur de ce mécanisme, les effets pronociceptifs du transfert passif d'IgG sont abolis chez les souris déficientes en FcγR.

Programmes d’activation oligodendrogliaux associés aux maladies : un lien possible avec les pathologies neurodégénératives - Trends in Immunology – Septembre 2024
Les cellules neuronales et les oligodendrocytes ont longtemps été considérés comme de simples cibles dans les maladies neurodégénératives et neuro-inflammatoires telles que la sclérose en plaques (SEP) ou la maladie d'Alzheimer (MA). L'avènement des technologies omiques a démontré qu’en situation pathologique, les oligodendrocytes pouvaient engager des programmes d’activation spécifiques, distincts de programmes impliqués notamment dans la mort cellulaire. Ces programmes d’activation oligodendrogliaux pourraient contribuer à la modulation de la neuroinflammation dans certaines maladies neurodégénératives, constituant ainsi, potentiellement, de nouvelles cibles thérapeutiques.

Rôles émergents des astrocytes en tant qu'effecteurs immunitaires au sein du système nerveux central - Trends in Immunology – Septembre 2024
Theodore M. Fisher et Shane A. Liddelow
Les astrocytes, un type majeur de cellules gliales dans le système nerveux central (SNC), sont essentiellement considérés comme des médiateurs de l'homéostasie. Durant le développement et tout au long de l'âge adulte, les astrocytes jouent des rôles essentiels de soutien métabolique aux neurones, de modulation des fonctions synaptiques et de maintien de la barrière hémato-encéphalique (BHE). Des preuves récentes continuent de souligner leur hétérogénéité fonctionnelle et leur importance pour l’homéostasie du SNC. Leur participation à l'optimisation des réponses neuroinflammatoires dans différentes conditions pathologiques, notamment les traumatismes aigus et les infections du SNC, est également mieux connue. Les avancées dans la compréhension des interactions neuro-immunes viennent compléter notre connaissance de l'hétérogénéité fonctionnelle des astrocytes, cellules qui sont désormais considérées comme des effecteurs clés de la réponse immunitaire au sein du SNC.

L’haplotype APOE4 affecte les interactions entre les neutrophiles et la microglie dans la maladie d'Alzheimer - Trends in Immunology – Septembre 2024
Eleonora Terrabuio et Gabriela Constantin
Les cellules immunitaires du sang contribuent à la pathogenèse de la maladie d'Alzheimer mais leur rôle reste encore mal compris. Rosenzweig et al. ont récemment identifié un sous-ensemble de neutrophiles interleukine (IL)-17+ qui inhibent les microglies neuroprotectrices chez les femmes porteuses de l'APOE4. Le blocage de la signalisation IL-17 ou la suppression de l'APOE4 dans les neutrophiles a rétabli les réponses des microglies et réduit la pathologie amyloïde chez les souris.