Cameron H. Flayer et al.
Des travaux antérieurs ont montré que les neurones sensitifs, via leurs terminaisons périphériques, sont capables de détecter des allergènes cutanés. En retour, ces neurones sont responsable d’un prurit et de l’initiation de la réponse immune allergique via l'activation in situ de cellules immunitaires innées. Par ailleurs, dans un contexte d'inflammation allergique chronique, la perpétuation du prurit est favorisée par des facteurs immunitaires qui sensibilisent les neurones sensoriels. Toutefois, dans ce schéma fonctionnel, on ignore encore si à l’état naïf (c’est-à-dire en dehors d’une situation d’inflammation allergique chronique) les cellules immunitaires régulent le seuil d'activation neuronale induit par les allergènes. Dans cette étude, les auteurs décrivent un axe de signalisation impliquant des lymphocytes T γδ et l’IL-3 dans le contrôle de la réactivité neuronale aux allergènes. Une sous-population de lymphocytes T γδ épidermiques, nommées par les auteurs cellules GD3 (gamma delta 3), produit la cytokine signature IL-3 et promeut à la fois le prurit et l'initiation de la réponse immunitaire allergique. L'IL-3 active les neurones sensoriels via le récepteur à l’IL3 Il3ra et la molécule de signalisation JAK2. Il s’ensuit une diminution du seuil de sensibilité aux allergènes sans toutefois qu’il y ait induction directe d’un prurit. L’IL-3 synthétisé par les cellules GD3 agit également via STAT5 pour favoriser la production de neuropeptides et l'initiation de l'immunité allergique. Ces résultats révèlent l’existence d’un rhéostat immunitaire endogène qui, dès la première exposition à un allergène, régule en amont les réponses neuronales sensorielles. Cette voie ouvre de nouvelles voies thérapeutiques et pourrait expliquer les différences interindividuelles de susceptibilité aux allergies.