Bulletin N°64

L’infiltration du mésencéphale par des lymphocytes T cytotoxiques est caractéristique de la paralysie supranucléaire progressive – Brain - Avril 2025

Blas Couto et al.

La paralysie supranucléaire progressive (PSP) est une maladie neurodégénérative caractérisée par le dépôt de protéine tau à 4 répétitions (4R). La substance noire (SN) et les noyaux du tegmentum mésencéphalique sont systématiquement affectés. A partir de prélèvements post-mortem, des coupes sériées de 120 microns de la SN ont été immunomarquées avec des anticorps dirigés contre la protéine tau phosphorylée (AT8), l’alpha-synucléine, un marqueur des lymphocytes T cytotoxiques et un marqueur des cellules microglies (HLA-DR). L’analyse a été réalisée chez 9 patients atteints de PSP, 10 patients atteints de la maladie de Parkinson (MP), et 6 sujets témoins. Les auteurs ont observé que le nombre de lymphocytes CD8 et l’activation microgliale étaient augmentés dans la SN des patients atteints de PSP par rapport à ceux atteints de MP et aux témoins. Des contacts entre les lymphocytes T et les neurones a été observés dans la PSP. Dans les modèles d’analyse multivariée, le nombre de cellules CD8 n’était pas prédit par la durée de la maladie, l’âge au décès, ni la charge en tau phosphorylée. La substance noire et le tegmentum mésencéphalique présentaient plus de cellules CD8 que le cortex. La présence d’une réponse cytotoxique T nigro-mésencéphalique plus marquée dans la PSP que dans la MP soutient l’idée que la PSP pourrait être liée à des mécanismes auto-immuns.

Cibler le point de contrôle immunométabolique CD38 améliore les altérations métaboliques et la cognition dans un modèle murin de la maladie d’Alzheimer – Nature Communications – Avril 2025

Javier María Peralta Ramos et al.

En utilisant la cytométrie de masse à haute dimension sur cellule unique, les auteurs ont identifié une signature immunométabolique unique dans les cellules T CD4+ circulantes d’individus atteints de la forme familiale de la maladie d’Alzheimer. Cette signature précède l’apparition des symptômes et se caractérise par une élévation de l’expression de CD38.

En utilisant des souris femelles 5xFAD, un modèle murin de la maladie d’Alzheimer, les auteurs démontrent qu’un traitement par un anticorps dirigé contre CD38 permet de restaurer l’adaptation métaboliques, d’améliorer les performances cognitives et de réduire la neuroinflammation locale. Un profilage immunologique approfondi dans divers compartiments tissulaires des souris 5xFAD révèle la présence de cellules T CD4+ associées à la maladie, produisant de l’IL-17A, dans les méninges durales. Ce phénomène est lié au déclin cognitif. Le ciblage de CD38 entraîne l’abolition de l’immunité TH17 méningée et de l’IL-1β corticale, rompant ainsi la boucle de rétroaction négative entre ces deux compartiments.

L’expansion de lymphocytes autologues CD8+ en présence d’IL7 s’accompagne d’une augmentation de l’expression de VLA-4 et d’une capacité accrue à migrer vers le tissu tumoral de glioblastome chez la souris – Journal of Clinical Investigation – Avril 2025

Kirit Singh et al.

Les auteurs ont étudié si des lymphocytes autologues non spécifiques d’antigène, perfusés en périphérie (ALT pour « autologous lymphocytes »), pouvaient s’accumuler dans des tumeurs intracrâniennes. Ils ont observé que les cellules ALT CD8+ non spécifiques peuvent effectivement s’accumuler dans ce contexte, en dépit de la séquestration des lymphocytes T endogènes dans la moelle osseuse.

Les taux d’accumulation intratumorale ont été fortement augmentés lorsque les lymphocytes étaient préalablement expandus en présence d’IL-7, comparé à l’IL-2. Dans des modèles murins de gliomes orthotopiques ou des xénogreffes humaines, un prétraitement par injection d’ALT stimulées in vitro par IL-7 a également renforcé l’efficacité de plusieurs immunothérapies dépendantes des lymphocytes T.

D’un point de vue mécanistique, une augmentation de VLA-4 a été observée sur les lymphocytes T CD8+ humains et murins après expansion par IL-7, ainsi qu’une élévation de la transcription de gènes associés à l’intégrine CD9.

Les lymphocytes T CD4+ périphériques médiatisent les effets destructeurs de la séparation maternelle sur la myélinisation préfrontale et les fonctions cognitives – PNAS – Avril 2025

Rui Xiong et al.

Chez la souris, la séparation maternelle (SM) agissant comme un stress chronique survenant tôt dans la vie, altère la myélinisation dans le cortex préfrontal (CPF) et conduit à des troubles cognitifs. Dans cette étude, les auteurs montrent que les lymphocytes T CD4+ périphériques jouent un rôle essentiel dans ce modèle.

Les souris ayant subi une SM présentent une augmentation des lymphocytes T CD4+ et des taux de xanthine dans le sang périphérique, ainsi qu’un déficit sévère des fonctions cognitives dépendantes du CPF, telles que la mémoire de travail, les interactions sociales et la régulation des émotions liées à l’anxiété ou à la dépression. On observe également une diminution des cellules précurseurs des oligodendrocytes (OPC) et des oligodendrocytes (Ols) dans le CPF.

Ces phénotypes sont corrigés après traitement avec un anticorps neutralisant les lymphocytes T CD4+ périphériques. Des souris immunodéficientes Rag1−/− ayant reçu une greffe de lymphocytes T CD4+ isolés du sang périphérique de souris SM développent des phénotypes similaires à ceux des souris SM. Des marquages par immunofluorescence révèlent une forte expression physiologique du récepteur A1 à l’adénosine dans les OPC du CPF. Le nombre de cellules exprimant ce récepteur est diminué chez les souris Rag1−/− après transplantation de lymphocytes T CD4+ issus de souris SM.

Un modèle micro-ingénierisé 3D de l’unité neurovasculaire humaine pour explorer la neuropathogenèse de l’encéphalite herpétique – Nature Communications – Avril 2025

Min Zhang et al.

L’encéphalite herpétique (EH) causée par le virus HSV-1 est la forme la plus courante d’encéphalite virale non épidémique, mais sa neuropathogenèse reste encore mal comprise. Cette étude décrit un modèle 3D d’unité neurovasculaire (UNV) humaine permettant d’explorer in vitro la neuropathogenèse de l’EH.

Ce modèle est établi par co-culture de cellules endothéliales microvasculaires humaines, d’astrocytes, de microglie et de neurones sur une puce à multicompartiments. Après infection par HSV-1, on observe des altérations pathologiques associées à l’EH, notamment des effets cytopathiques, une dysfonction de la barrière hémato-encéphalique et une libération de cytokines pro-inflammatoires.

Par ailleurs, des réponses immunitaires innées marquées sont observées telles qu’une capacité accrue à induire le chimiotactisme de cellules immunitaires périphériques et une activation des cellules microgliales. L’analyse transcriptomique confirme le développement de réponses inflammatoires et chimiotactiques majeures dans les cellules hôtes. Sur le plan mécanistique, les auteurs montrent que HSV-1 induit une suppression majeure du flux autophagique au sein des cellules gliales, en particulier les cellules microgliales.

Les brèves du Bulletin N°64

 

Article N°1

Jean Paul Chadarevian et al.

Exploiter la microglie humaine dérivée de cellules souches pluripotentes induites (iPSC) pour délivrer à l’échelle du SNC des protéines thérapeutiques

Cell Stem Cell – Avril 2025

 

Article N°2

Kelly A. Mills et al.

Exploration de [11C]CPPC comme marqueur d'imagerie PET ciblant le CSF1R pour évaluer la gravité précoce de la maladie de Parkinson

Journal of Clinical Investigation – Avril 2025

 

Article N°3

Jun Ju et al.

Chez les souris porteuses de la délétion 16p11.2, la dérégulation du gène CD47, codant pour une molécule « don’t eat me », est associé à un déficit des fonctions microgliales de phagocytose et à des comportements de type autistique

PNAS – Avril 2025