Bulletin N°63

Le point de contrôle immunitaire TIM-3 régule les microglies et la maladie d'Alzheimer – Nature - Avril 2025

Kimitoshi Kimura et al.

Cette étude examine les fonctions microgliales de la molécule de point de contrôle immunitaire TIM-3. Les auteurs démontrent que, chez la souris, la signalisation via TGF-β induit l’expression de TIM-3 dans les cellules microgliales. TIM-3 interagit ensuite avec SMAD2 et TGFBR2 par son extrémité carboxy-terminale et renforce la voie de signalisation TGF-β en favorisant la phosphorylation de SMAD2 médiée par TGFBR. Ce processus permet de maintenir l’homéostasie microgliale. La délétion microgliale du gène Havcr2, qui encode TIM-3, entraîne une augmentation de l’activité phagocytaire ainsi qu’un profil d’expression génique correspondant au phénotype microglial neurodégénératif. De plus, l’invalidation microgliale de Havcr2 améliore les déficits cognitifs et réduit la pathologie amyloïde-β chez les souris 5×FAD, un modèle transgénique de la maladie d’Alzheimer. Les analyses par scRNA-seq montrent que les cellules microgliales des souris 5×FAD déficientes en Havcr2 présentent une up-régulation de gènes pro-phagocytaires et anti-inflammatoires accompagnée d’une régulation négative de gènes pro-inflammatoires.

Les cellules de type microglie du système nerveux périphérique régulent la taille du soma neuronal au cours de l’évolution – Cell, avril 2025

Zhisheng Wub et al.

Dans cet article, les auteurs mettent en évidence l’existence d’une population de macrophages résidents du système nerveux périphérique (SNP) qui partage les profils transcriptomiques, épigénétiques ainsi que la trajectoire ontogénétique de la microglie. Cette population, désignée sous le nom de cellules « microglial-like » du SNP, entoure le soma neuronal à l’intérieur de l’enveloppe formée par les cellules gliales satellites des ganglions périphériques. Ces cellules s’associent préférentiellement aux neurones de grande taille durant le développement du SNP et sont nécessaires aux fonctions neuronales en régulant l’élargissement du soma et la croissance axonale. Une analyse phylogénétique portant sur 24 organismes vertébrés révèle une origine ancienne de ces cellules « microglial-like ».  Leur présence est corrélée à la taille du soma neuronal (ainsi qu’à la taille de l’organisme), plutôt qu’à la distance évolutive. Conformément à leur rôle dans l’élargissement du soma, ces cellules sont maintenues chez les vertébrés possédant de grands somas neuronaux périphériques, mais absentes lorsque les neurones ont évolué vers des somas de plus petite taille.

Une cartographie cérébrale des récepteurs immunitaires révèle un rôle neuromodulateur de l’IL-17E et de son récepteur IL-17RB – Cell, avril 2025

Yunjin Lee et al.

L’interleukine-17A (IL-17A) joue un rôle dans les réponses immunitaires protectrices en se liant aux sous-unités IL-17RA et IL-17RC. Des travaux antérieurs ont montré que l’IL-17A module également les interactions sociales, mais le rôle des récepteurs à l’IL17 dans ce processus, ainsi que leur pattern d’expression cérébrale, restent mal caractérisés. Dans cette étude, les auteurs ont cartographié l’expression cérébrale de toutes les principales sous-unités des récepteurs à IL-17. Les résultats montrent que IL-17RA et l’IL-17RB — mais non IL-17RC — interviennent dans les comportements sociaux via son expression dans le cortex. Par ailleurs, l’IL-17E (également nommée IL-25), exprimée par les neurones corticaux, renforce les interactions sociales en agissant sur les neurones exprimant IL-17RA et IL-17RB.

Les lymphocytes T régulateurs dans l’hypothalamus de la souris contrôlent l’activation immunitaire et améliorent les troubles métaboliques en environnement riche en calories – Nature Communications - Mars 2025

Maike Becker et al.

L’hypothalamus joue un rôle essentiel dans le contrôle du métabolisme systémique. Une alimentation riche en calories déclenche une activation neuroimmune hypothalamique perturbant le contrôle métabolique et favorisant l’obésité ainsi que le diabète de type 2. Dans cette étude, les auteurs identifient les lymphocytes T régulateurs (Tregs) comme des modulateurs clés des réponses immunitaires de l’hypothalamus. Chez la souris, un environnement riche en calories active les lymphocytes T CD4⁺ hypothalamiques, les cellules microgliales ainsi que les macrophages infiltrants, tout en réduisant le nombre de Tregs. Le profil transcriptomique des lymphocytes T CD4⁺ hypothalamiques révèle un état d’activation de type Th1, caractérisé par une augmentation de l’expression de Tbx21, Cxcr3 et Cd226, et une diminution de Ccr7 et S1pr1. Fait important, des expériences de perte et de gain de fonction des Tregs montrent que ces cellules limitent l’activation immunitaire de l’hypothalamus et peuvent inverser les troubles métaboliques induits par une alimentation hypercalorique.

Un circuit neuro-immunitaire médie l’apathie associée à la cachexie cancéreuse – Science, avril 2025

Xiaoyue Aelita Zhu et al.

La cachexie, un syndrome d’émaciation sévère lié à des états inflammatoires chroniques (par exemple le cancer), conduit fréquemment à une défaillance multiviscérale et à la mort. Les patients atteints de cachexie souffrent également d’une fatigue extrême, d’apathie et de dépression. En utilisant un murin de cancer, les auteurs de cette étude montrent que la cachexie induit spécifiquement une sensibilité accrue à l’effort, traduite par des symptômes similaires à l’apathie, via un circuit neuroimmunitaire reliant la réaction inflammatoire périphérique, le tronc cérébral et les ganglions de la base. Ce circuit détecte une élévation de l’interleukine-6 (IL-6) dès l’apparition de la cachexie, et traduit ce signal inflammatoire par une diminution de la dopamine méso-limbique, ce qui accroît la sensibilité à l’effort. Les auteurs montrent également dans ce modèle que l’on peut réduire les symptômes d’apathie en administrant un anticorps anti–IL-6, en bloquant la signalisation cytokinique dans le tronc cérébral, ou encore en stimulant la dopamine méso-limbique via des approches pharmacologiques ou optogénétiques. Ces résultats apportent un éclairage mécanistique sur le lien entre inflammation chronique et symptômes dépressifs en révèlant l’existence d’un circuit neural central capable de détecter l’inflammation systémique et d’orchestrer des modifications comportementales.

Les brèves du Bulletin N°63

 

Article N°1

Kangtai Xu et al.

Le récepteur cannabinoïde CB2 contrôle le prurit chronique en régulant l’activation des cellules microgliales spinales et la transmission synaptique

Cell Reports - Avril 2025

 

Article N°2

Francesca Damiani et al.

Étude multisite du microbiote intestinal dans des modèles murins de déficit en CDKL5 : cibler la dysbiose pour améliorer les signes neurologiques

Cell Reports - Avril 2025

 

Article N°3

Keyi Lv et al.

L’inactivation du récepteur LXRβ microglial chez les souris en période postnatal précoce perturbe l’homéostasie des cellules microgliales et entraîne des troubles cognitifs durables

PNAS - Avril 2025

 

Article N°4

Zhe Shen et al.

La signalisation Ryk au niveau astrocytaire coordonne la formation de cicatrices gliales et la réparation tissulaire après lésion de la moelle épinière

PNAS - Avril 2025

 

Article N°5

Robert J. Fox et al.

Traitement par Tolebrutinib chez les patients atteints de sclérose en plaques secondairement progressive

NEJM - Avril 2025

 

Article N°6

Navneet A. Vasistha et al.

Article de revue - Stress immunitaire prénatal : impact sur le développement cérébral et les troubles neuropsychiatriques

Annual Review of Neuroscience - Avril 2025

 

Article N°7

Huiwen Qin et al.

Hétérogénéité gliale dépendante de l'âge et réponses aux lésions traumatiques cérébrales chez les vertébrés

Cell Reports - Avril 2025

 

Article N°8

Laura Fumagalli et al.

Modélisation et annotation d’états cellulaires microgliaux distinct  dans le cerveau en développement et au cours de processus neurodégénératifs

Nature Neuroscience - Avril 2025